EN LANÇANT avec son voisin du Bourget, Vincent Capo-Canellas, la restauration gratuite pour tous dans les écoles primaires, le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, espérait motiver les familles. Il est servi. Deux semaines après la mise en place de ce dispositif pilote, dans le cadre de la toute nouvelle intercommunalité qui lie les deux villes UDF, les cantines des 18 écoles de Drancy accueillent chaque midi en moyenne 900
nouveaux demi-pensionnaires. Alors que les élus en attendaient au maximum 400. Cet afflux, qui touche
dans une moindre mesure Le Bourget (entre 30 et 45 élèves supplémentaires par jour, répartis sur deux écoles, qui avaient déjà 90 % de demi-pensionnaires), en fait déchanter certains. La CGT, le syndicat d'enseignants FSU-Snuipp et les parents d'élèves de la FCPE de Drancy, qui approuvaient la mesure des deux maires pour ses vertus sociales, en dénoncent aujourd'hui ses « graves conséquences » : restaurants et matériels sous-dimensionnés, repas et couverts en nombre insuffisant, employés municipaux appelés en urgence pour suppléer les animateurs... Le président de la FCPE de Drancy, Gérard Gressin, cite plusieurs écoles où les enfants ne mangent pas avant 13 h 20, et doivent donc patienter plus d'une heure et quart dans la cour. Des situations confirmées, sous couvert d'anonymat, par des directeurs d'école. « Cela pose non seulement des problèmes de sécurité et d'hygiène, mais aussi de stress pour les enfants, qui doivent manger à toute vitesse, dit-il. Quand ils mangent... J'ai reçu un message d'une maman dont l'enfant en CM 2, au dernier service, n'avait eu qu'une moitié de viande et de haricots. »
« Des problèmes de sécurité et d'hygiène mais aussi de stress pour les enfants » « Dans une école, il manquait dix repas encore hier (NDLR : jeudi) et les enfants ont dû partager la soupe qui restait, ajoute le responsable du Snuipp, François Chelers. Moi-même, je réfléchis à retirer ma fille de la cantine. Elle se jette sur le goûter en rentrant parce qu'elle ne mange pas assez. Si la cantine gratuite c'est au rabais, ça ne m'intéresse pas. Je préfère payer si le repas est de qualité. » Selon le syndicaliste, le dispositif poserait aussi des problèmes aux enseignants. « Ils se plaignent d'avoir en classe des enfants plus excités, parce qu'ils ne déjeunent pas dans de bonnes conditions. Les retards de la cantine ont même provoqué des retards dans les cours. » « Le dispositif a été mal organisé et mal anticipé, résume Henri Tamar, des territoriaux CGT. Si le maire avait organisé une concertation, on aurait évité de nombreux problèmes. Parents d'élèves et syndicats organiseront vendredi prochain, à 18 heures, à la bourse du travail, une réunion publique pour faire le point.
Le jour de la rentrée, les 18
cantines de Drancy comptaient une centaine de nouveaux convives. Depuis, la
fréquentation moyenne est passée à 900 élèves. (LP/E.B.)
Eric Bureau
parisien du 20 janvier 2007