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Santini tacle les fonctionnaires

Est-ce l'impair politique de l'été? Ou un simple ballon d'essai pour tester l'opinion? En tout cas, le secrétaire d'Etat à la Fonction publique s'est lâché mardi sur RTL. Invité du matin, l'UDF André Santini était interrogé sur un projet peu populaire du gouvernement: la suppression –pardon, le "non remplacement"– de 22000 fonctionnaires qui partent à la retraite.

Un sondage publié dans le JDD dimanche dernier pointait les 61% de personnes qui ne sont "pas satisfaites" de cette mesure. On l'aura compris, le sujet est glissant. Surtout en France, pays très attaché à sa fonction publique (écoutez l'interview).

"Tout le monde gueule contre les fonctionnaires..."

Face au piège, Santini commence, fidèle à sa légende, par une galéjade:

"C'est très bizarre. Très bizarre parce que dans l'opinion, tout le monde "gueule" contre les fonctionnaires, etc. Et 75% des jeunes n'ont qu'une envie: c'est d'être fonctionnaire, vous le savez. Alors, il faut sortir de ce climat "je t'aime moi non plus"."

Puis, il étale un peu de pommade: "Nous avons vraisemblablement la meilleure administration du monde. Tout le monde le sait. Et l'ENA est l'école que tout le monde veut copier. Alors maintenant, il suffit d'ajuster, il suffit de cadrer davantage."

Enfin, il passe à l'attaque: "C'est pas normal qu'il y ait 24% de la population active qui soit fonctionnaire. C'est le record mondial. C'est pas normal que les fonctionnaires, aujourd'hui, soient mal payés et qu'en gros, l'employeur -l'Etat- est un mauvais employeur. Il ne les choisit pas, il ne les affecte pas comme ils veulent; donc, il faut aujourd'hui -avec les fonctionnaires- moderniser notre fonction publique."

Entre 7% et 18% maximum

Problème: André Santini est allé un peu vite en besogne. Certes, la France fait partie des pays européens comptant le plus grand nombre de fontionnaires. Autrement dit, l'ensemble des effectifs des trois fonctions publiques: celle de l'Etat, celle des collectivités territoriales et celle des hôpitaux. Mais, d'après les derniers chiffres de l'Insee, sur la population active et la fonction publique d'Etat, ainsi que les données fournies par son propre ministère, le compte n'y est pas.

En résumé, la population active française comptait 27 637 000 personnes en 2005. L'administration d'Etat s'élevait alors à 1 970 820 fonctionnaires (titulaires et non titulaires), soit 7,1%. En y ajoutant la territoriale et la fonction publique hospitalière (au total, 5 031 834 fonctionnaires en 2003), on obtient un ratio de 18%!

Petit arrangement sur les définitions

Contactés, les services du secrétaire d'Etat ont un peu joué sur les définitions, en prenant comme chiffre de référence "l'emploi salarié et non salarié" de l'Insee (24 870 000) et non la population active totale, incluant les chômeurs (27 637 000). Sans oublier un rapport de l'OCDE en 2006 qui parvient à un 23% bien gonflé, en recensant les "emplois dépendant de la fonction publique", avec les organismes publics, les associations... Et voici comment on arrive à ce claquant: "24% de la population active" est fonctionnaire!

Avec de tels propos, Santini ne fait rien pour décourager les mouvement sociaux que certains annoncent pour la rentrée. D'autant qu'il continue de soutenir que l'Etat est un "mauvais employeur", que les fonctionnaires sont "mal payés" et que personne ne les "choisit". Naît-on fonctionnaire ?

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