Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

REUNION NATIONALE FRET SNCF DRANCY


Didier Le Reste « L’avenir de SNCF mérite un grand débat démocratique »
Transports . Plusieurs milliers de cheminots participeront aujourd’hui au Bourget à un rassemblement national sur le fret. Entretien avec Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT cheminot.

Quel est le but du rassemblement de plusieurs milliers de cheminots organisé par la CGT aujourd’hui au Bourget, en Seine-Saint-Denis ?

Didier Le Reste. Ce rassemblement national des cheminots s’inscrit dans un processus d’actions dans lequel nous mobilisons, cheminots, acteurs économiques, le mouvement syndical, ONG environnementales et responsables politiques afin d’obtenir que d’autres orientations président aux destinées de fret SNCF. Les technocrates de la direction envisagent aujourd’hui de ne plus assurer 60 % du trafic dit du wagon isolé sous prétexte que cette activité est déficitaire au sens capitalistique du terme. La direction affirme que la messagerie ferroviaire est à l’origine d’entre 70 et 75 % des pertes de fret. Néanmoins, je remarque que cette activité représente encore 43 % du chiffre d’affaires. La SNCF parle de perte mais omet de dire qu’elle subventionne à 50 % la logistique des groupes privés et qu’elle ne s’engage pas à capter de nouveaux trafics. Ses commerciaux sont cantonnés à la gestion des grands comptes au siège parisien. Les difficultés croissantes du wagon isolé sont ainsi d’une certaine façon organisées. On parle toujours de combien ça coûte mais jamais de combien ça rapporte à la collectivité nationale en termes d’efficacité sociale. La politique de la SNCF en matière de transport de fret va à l’encontre du développement durable. En présentant ses comptes du premier semestre 2009 et en annonçant une perte de 496 millions d’euros, la direction cherche à dramatiser la situation afin de culpabiliser les cheminots qui se voient reprocher « un manque de compétitivité ».

Vous avez déclenché la semaine dernière une alarme sociale, procédure qui arrive avant le préavis. Avez-vous obtenu réponse ?

Didier Le Reste. Une demande de concertation immédiate (DCI) a été déposée la dernière par la CGT, l’UNSA et la CFDT. Malheureusement, je constate que SUD Rail qui a refusé de s’associer à cette démarche revendicative et mobilisatrice, préfère une nouvelle fois encore jouer la carte de la division. Cette DCI ponctue un cycle de concertation sur l’avenir du fret engagé depuis plusieurs semaines. Nous disons au président de la SNCF, Guillaume Pépy, qu’il faut maintenant passer aux travaux pratiques et qu’il doit nous démontrer que la carte de la concertation et du dialogue social paie plus que le rapport de la force et la grève. La direction a consenti à une table ronde emploi et à une réunion sur les salaires début 2010 pour procéder à des ajustements. Mais le compte nest pas. Sur les salaires, cette proposition est notoirement insuffisante. Sur le fret, nous attendons toujours que les propositions portées par les organisations syndicales et singulièrement la CGT soient sérieusement examinées et négociées. La reconnaissance par la direction de l’échec de ses plans successifs de restructurations et de sa stratégie de dumping social montre que le seul tort de la CGT est d’avoir eu raison trop tôt. Aujourd’hui la CGT est donc légitime pour demander que soient examinées sérieusement ses propositions alternatives. C’est aussi le but des mobilisations en cours.

Comme La Poste, la SNCF appartient à tous, les cheminots mais aussi les usagers, les élus etc. Considérez-vous important d’élargir le débat au-delà des seuls salariés concernant son avenir ?

Didier Le Reste. La SNCF n’appartient pas à la technostructure qui la dirige. Elle appartient à la nation et c’est donc à ce niveau que son avenir doit être décidé. C’est pourquoi, nous demandons un débat national et démocratique sur le rôle que doit jouer cette grande entreprise publique déstabilisée aujourd’hui par les directives européennes de libéralisation et par sa gestion interne de plus en plus tournée vers le profit. Les décisions cruciales pour la SNCF ne peuvent être prises en catimini.

Les commentaires sont fermés.